LES IMPLANTS MAMMAIRES TEXTURÉS – INFORMATION ET MISE AU POINT

Devant le nombre croissant de demandes d’information chez les patientes porteuses de prothèses texturées, il est normal de conseiller une conduite à tenir.

Une relation entre les implants macrotexturés et le lymphome anaplasique à grandes cellules se confirme. Une information et une conduite claires diminueront l’anxiété légitime des femmes porteuses de ce type d’implants et répondront aux questions de celles désireuses d’une augmentation mammaire.

L’information est destinée aux patientes opérées dans le service, aux patientes désireuses d’augmentation mammaire et aux patientes porteuses de prothèses opérées ailleurs.

Pour les patientes porteuses d’implants texturés

Ne pas s’affoler, les cas de lymphome anaplasique à grandes cellules sont très rares, mais il est normal que vous ayez une information claire, une conduite à tenir et d’être vigilant.

Vous devez comprendre que nous ne savons pas tout et que la connaissance évolue avec le temps en fonction des données recueillies. Les attitudes risquent donc de se transformer avec le temps.

Dans l’état actuel des connaissances, voilà mon opinion :

1 Quand le résultat esthétique est bon avec des implants qui n’entraînent aucun signe inquiétant

A — La mise en place des implants date de moins de dix ans.

Le retrait de l’implant est discutable pour plusieurs raisons :

–       Le risque opératoire est à comparer au risque de lymphome anaplasique à grandes cellules

–       Le fait de changer un implant qui va bien entraîne toujours un risque de détérioration du résultat et notamment de capsulite rétractile (coque) même s’il n’y en avait pas avant.

–       Il existe trois types de patientes :

  •  Les patientes dont les prothèses ont été placées pour reconstruction mammaire pour cancer : la surveillance se fait par échographie et mammographie tous les ans dans le cadre de la surveillance du cancer du sein, cette surveillance permettra aussi de surveiller l’apparition d’un lymphome.
  • Les patientes de plus de 40 ans qui ont reçu des prothèses pour des raisons esthétiques ou pour malformation, la surveillance se fait de la même manière dans le cadre de la surveillance de la prévention du cancer du sein. L’âge de 40 ans peut être diminué en fonction des antécédents du patient à évaluer avec leurs médecins traitants ou leurs gynécologues.
  • Les patientes de moins de 40 ans qui ont reçu des prothèses pour des raisons esthétiques ou pour malformation, une échographie tous les ans est l’attitude de surveillance la plus prudente.

–       Dans tous les cas si la surveillance montre une anomalie, il faut faire une IRM.

B — La mise en place des implants date de plus de dix ans.

Quand les implants ont plus de dix ans, il se pose de toute façon la question de leur changement systématique du fait de l’usure de l’enveloppe. En réalité, la date de rupture de l’implant est très variable et la date de 10 ans est statistique. Cette limite des dix ans est couramment donnée, mais il faut donc comprendre qu’elle est aléatoire. Certains pensent sept ans, d’autres plus. En fait, la date du risque de rupture dépend de nombreux facteurs : marque de l’implant, mode vie, technique de mise en place… La date de la rupture donc de la fuite de silicone est donc difficile à évaluer vraiment. Le chiffre couramment évoqué est de dix ans, mais certains disent 7 ans.  Raisonnablement, on pourrait dire :

  • À 7 ou 8 ans, faire une IRM de contrôle de l’implant
  • À partir de 10 ans, possibilité de changement de l’implant en accord avec la patiente. Si le résultat esthétique est bon et la patiente ne veut pas l’explantation, une IRM de surveillance doit être pratiquée tous les ans.

2 Quand le résultat esthétique est discutable, a fortiori mauvais ou quand les implants n’entraînent des signes inquiétants. Peu importe, l’ancienneté des implants.

Ces signes peuvent être  durcissement, déformation, inflammation, douleur…  Le changement d’implant est alors nécessaire même si dans la majorité des cas il ne s’agira pas de lymphome anaplasique à grandes cellules.

Attitude dans l’avenir pour les patientes désireuses d’augmentation mammaire par implant :

–       Ne pas placer d’implants macrotexturés.

–       Par extension, dorénavant ne pas placer d’implants microtexturés par principe de précaution et par la difficulté d’évaluer la limite entre les deux types d’implants. De plus, il est difficile de s’y retrouver. On sait maintenant que les laboratoires classaient leurs textures de manière très variable et des implants dits texturés se sont révélés être des macrotexturés.

–       Rester vigilant sur les statistiques et les données cliniques qui peuvent d’année en année faisant évoluer notre attitude.

Attitude pour les patientes opérées dans le service : 

Les patientes opérées dans le service ont reçu dans l’immense majorité des cas des prothèses lisses au sérum physiologique. Les prothèses texturées ont été interdites dans le service sauf dans de rares cas quand l’indication des prothèses précédentes n’était pas souhaitable.

Les patientes en cas de doute sont invitées à se renseigner dans le service :  secretariat.maurice.mimoun@aphp.fr

Une thèse sur 1000 cas de femmes porteuses de prothèses lisses au sérum physiologique a été faite dans le service qui permet d’évaluer les résultats.

À noter : aucun conflit d’intérêt avec les laboratoires de prothèses.